Iles Aléoutiennes, Alaska, 1971

Galerie noir & blanc

En 1971, j’ai été invitée par l’Université du Connecticut, aux Etats-Unis, à partager pendant huit mois les activités de recherche et d’enseignement du département des Biobehavioral Sciences, dirigé par le professeur William Laughlin. Cette équipe pluridisciplinaire menait des études dans les Iles Aléoutiennes dans le cadre du Programme Biologique International (IBP). Mon séjour de longue durée aux Etats-Unis incluait ainsi pour moi une mission de terrain en Alaska, dans les Iles Aléoutiennes. C’était mon rêve !

L’Archipel aléoute constitue un arc d’îles volcaniques partant du sud-ouest de la Péninsule d’Alaska en direction du Kamtchatka. Il sépare la Mer de Béring de l’Océan Pacifique. Cette situation géographique particulière induit un climat inhospitalier, froid, humide et très venteux, mais favorise aussi une richesse exceptionnelle de la faune marine : lions de mer, phoques, otaries, loutres, baleines, ainsi que de multiples ressources halieutiques, notamment truites et saumons de diverses espèces.

Les ancêtres des Aléoutes sont venus de Sibérie en Alaska par le « pont de Béring », avant le dernier grand recul des glaciers et la remontée du niveau de la mer. La langue aléoute appartient au groupe linguistique eskimo-aléoute, ce qui confère à ces ethnies une origine commune lointaine. Colonisés par les Russes à partir du milieu du XVIIIème siècle, les Aléoutes d’Alaska sont passés sous domination américaine en 1867.

Ma participation à cette mission américaine a duré près de trois mois, au cours desquels j’ai partagé mes enquêtes entre le village de Nikolski ,sur l’île d’Umnak, où travaillait l’équipe multidisciplinaire des géologues, archéologues, botanistes, écologistes, anthropologues, et l’île d’Akutan où je suis restée seule pendant deux mois. Toute petite île de 30 kilomètres de long, Akutan comportait un volcan actif qui ne cessait de gronder, un village de 85 habitants, fondé en 1879, et composé de vingt-et-une maisons reliées les unes aux autres par des passerelles de bois, ainsi qu’une église très bien entretenue où le culte orthodoxe, héritage de l’occupation russe, était régulièrement célébré par des responsables du village. Les villageois vivaient de chasse aux phoques et de pêche artisanale et commerciale.

Aidée de la sage-femme locale, j’ai appliqué à mes enquêtes la méthode d’analyse démographique des petites populations isolées, que j’avais mise en oeuvre au Groenland oriental. Passant de maison en maison, nous allions recueillir les informations sur l’histoire des familles, les généalogies, les événements qui ont marqué la vie de cette région…

Par ailleurs, partager la vie de petites communautés comme Nikolski ou Akutan, c’est participer aux activités de pêche et de récolte des produits de l’estran (oursins, pieuvres, chitons, coques, algues), de collecte des plantes comestibles et médicinales, et des baies. C’est, sur invitation, prendre le bain de vapeur collectif avec les personnes de sa catégorie : sexe et âge. C’est aussi être destinataire de dons en tout genres, notamment en nourriture.

Lorsque le bateau-usine « Akutan », de la Wakefield Fisheries Company, qui traite le crabe royal, est venu s’ancrer à Akutan, et employer la quasi totalité des habitants du village, il ne me restait plus qu’à en faire de même et me faire embaucher pour y travailler moi aussi quelques temps. Une belle expérience qui m’a valu une grande popularité auprès de la population et m’a définitivement ouvert toutes les portes.

Enfin, un de mes meilleurs informateurs à Akutan a été Bill Tcheripanoff. Cet homme merveilleux avait à coeur de m’enseigner jour après jour ce qu’il savait de la culture aléoute traditionnelle.

Les déplacements entre les îles étant toujours incertains et difficiles à planifier, il fallait s’attendre à se retrouver dans des lieux imprévus. C’est ainsi que j’ai pu visiter Unalaska et la ville fantôme de Dutch Harbor, False Pass, Cold Bay, etc.

Galerie en couleur de la mission Iles Aléoutiennes, Alaska, 1er juin – 24 août 1971

Trajets et lieux visités dans l’archipel des îles aléoutiennes :

Anchorage – Cold Bay (péninsule d’Alaska) – Nikolski et Sandy Beach (île d’Umnak) – Akutan (île d’Akutan) – Unalaska (île d’Unalaska) et Dutch Harbor (île d’Amaknak) – Cold Bay – False Pass (île d’Unimak) – Nikolski (île d’Umnak) – Cold Bay et survol de différentes îles de la chaîne des Aléoutiennes – Anchorage

Localisation

Aleutian Islands

Joëlle Robert-Lamblin

Joëlle Robert-Lamblin

Joëlle Robert-Lamblin, anthropologue, Docteur d'Etat ès Lettres et Directeur de recherche honoraire au CNRS, a fait ses études à Paris dans les domaines de la sociologie et du droit. Au début des années soixante, de l'enseignement de l’ethnologie dispensé au Musée de l'...

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Observatoire Photographique des Pôles

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