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En 1920, le Traité concernant le Spitzberg attribuait à la Norvège la souveraineté sur l’archipel arctique du Svalbard aux conditions suivantes : la démilitarisation totale de la région, un système propre de taxation, le respect de l’environnement et surtout la possibilité pour tous les pays signataires d’y développer une activité durable. La Russie, qui n’a ratifié le traité qu’en 1935, reste actuellement le seul pays étranger à profiter de ce droit par le truchement d’une exploitation minière. Cette situation résulte de considérations exclusivement géopolitiques car les différentes mines russes de charbon dans l’archipel (Barentsburg, Pyramiden, Grumant et Colesbay) ont toujours été financièrement déficitaires. Barentsburg fut ainsi un poste d’observation avancé durant la seconde Guerre mondiale et la guerre froide en plus d’être un point d’appui militaire possible pour l’Union soviétique. Aujourd’hui, les intérêts russes au Svalbard proviennent de l’emplacement stratégique de Barentsburg dans le cercle polaire et de sa situation idéale au milieu des nouvelles voies maritimes qui s’ouvrent peu à peu dans l’arctique. Néanmoins, la mine reste la seule justification officielle de la présence russe dans la région. Mais personne n’est dupe. Pas même les mineurs qui prennent leur mal en patience entre leur travail dans une exploitation minière insalubre, la nuit polaire et l’absence de divertissements.
Pourtant, à l’époque soviétique, Barentsburg et surtout Pyramiden étaient des destinations prisées et travailler là-bas n’était peut-être pas un privilège mais sûrement pas une punition. Les mineurs et les autres employés de ces villes étaient recrutés au regard de leurs compétences techniques mais aussi du « je ne sais quoi » supplémentaire qu’ils pouvaient apporter à la collectivité. On recrutait de préférence chanteurs, sportifs et artistes afin de faire vivre une communauté isolée, créer des liens sociaux forts et ainsi tromper l’ennui, la solitude et l’éloignement du continent et de leur famille.
Barentsburg et Pyramiden, villes entreprises sans population autochtone, ne connaissaient dès lors que le plein emploi. Pour des raisons économiques et géopolitiques, l’Union soviétique avait aussi préféré bannir toute liquidité sur place plutôt que d’utiliser la seule devise officielle du Svalbard, la couronne norvégienne. Ni argent ni chômage sur place donc. Mais aussi gratuité des soins, de la cantine, des loisirs, autosuffisance alimentaire grâce à une serre et une ferme… Les enclaves russes du Svalbard furent peut-être les seules mises en pratique totales et sans compromission de l’utopie soviétique, cette dernière nécessitant sûrement les conditions autarciques du grand nord pour réussir.
Mais cette concrétisation n’a pas survécu à la chute du régime communiste. Et les différents sites d’exploitation russes ont fermé les uns après les autres à l’exception de Barentsburg dont on annonce l’épuisement dans les prochaines décennies. Aussi le trust d’état gérant la mine (nommé Arktikugol, littéralement le charbon arctique en russe) cherche à se renouveler en se tournant vers le tourisme afin de minimiser ses pertes financières. Depuis 2010, de nombreux travaux de rénovation ont ainsi été initiés et en 2013 ont été ouverts une brasserie, un restaurant, une auberge de jeunesse ainsi qu’un centre d’expédition, preuves d’un regain d’intérêt des autorités russes pour le Svalbard et de l’attrait touristique que la région commence à constituer. Et si jusqu’à maintenant Barentsburg ou Pyramiden, avec leurs statues de Lénine et leurs infrastructures vieillissantes ou abandonnées, ne pouvaient que rappeler les vestiges figés de l’époque soviétique, ces enclaves sont maintenant vouées à participer au renouveau de la puissance russe dans les années à venir.
Léo Delafontaine Mai 2016
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Localisation
Barentsburg
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Barentsburg a conservé quelques vestiges de son passé soviétique comme un panneau proclamant «NOTRE BUT EST LE COMMUNISME» ou ce buste de Lénine sur la place centrale. C’est d’ailleurs à cet endroit que se réunissent les touristes venus en croisière de Longyearbyen pour commencer la visite de la ville par les guides locaux. Un musée situé au premier étage du Centre culturel retrace également l’histoire de Barentsburg à l’aide d’antiquités et d’archives photographiques.
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Vue sur Barentsburg et le Grønfjord. La ville a été nommée ainsi en hommage à l’explorateur néerlandais Willem Barentsz qui découvrit le Spitzberg au XVIe siècle.
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Sasha est responsable de l’accueil et de la sécurité des touristes de Pyramiden depuis 2012.
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Le Consulat de Russie du «Spitzberg» -la Russie ne reconnait pas le nom de Svalbard, la dénomination norvégienne- est située à Barentsburg et constitue la seule représentation diplomatique dans la région, ce qui en fait le consulat le plus septentrional au monde. On dénombre toujours près de cinq mille ours polaires dans la région pour deux fois moins d’habitants. Celui qui vous accueille empaillé à l’entrée du Consulat a été offert par le gouverneur norvégien du Svalbard.
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Contremaitre, Vladimir dirige une brigade d’une dizaine de mineurs à Barentsburg, les contrats sont d’une durée de six mois à deux ans et sont renouvelables. Si certains partent dès qu’ils le peuvent, d’autres rempilent systématiquement.
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Tous les matins à six heures, les mineurs viennent pointer dans les locaux d’Arktikugol pour connaitre leur mission de la journée. Isolement, normes de sécurité précaires, absence de divertissements, nuit polaire de la mi-novembre à la mi-février: les conditions de travail sont difficiles à Barentsburg d’où des salaires attractifs et une imposition nulle. En 2004, un homme jugé pour meurtre à Barentsburg n’a été condamné qu’à quatre ans de prison, la Cour norvégienne de justice ayant estimé que les conditions de vie et la pression sociale du lieu devaient être prises en compte dans son geste.
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Saveli est responsable et ingénieur à la centrale électrique ou TETS pour Teplo-Elektro-Tsentral.
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Poste de contrôle du remplissage des wagons qui sont envoyés à la centrale électrique. L’autonomie énergétique est primordiale dans la région. Depuis 2006 Arktikugol s’est fixé comme objectif annuel l’extraction de cent vingt mille tonnes de charbon, mais la majorité de la production reste consommée sur place pour alimenter la ville en électricité.
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Anatoli est forgeron à Barentsburg depuis 2000. Sa femme travaille au réfectoire.
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Anton fait partie des douze électromécaniciens travaillant à la mine. C’est son deuxième contrat à Barentsburg.
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Après avoir reçu les instructions de la journée, les mineurs s’équipent en «salle de lampes», soufflent dans un alcootest, et parcourent environ deux cents mètres dans les premiers souterrains de la mine jusqu’à ces bancs où ils attendent le départ du prochain funiculaire. La mine fonctionnant en flux tendu, la majorité des mineurs commencent leur journée à six heures du matin puis sont relayés par d’autres équipes au fur et à mesure de la journée.
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Le funiculaire de la mine mène les mineurs à environ trois cents mètres sous le niveau de la mer, d’où ils marchent pendant vingt minutes pour prendre un second train les amenant à six cents mètres de profondeur. Pour un travail effectif de six heures, il faut compter environ trois heures supplémentaires pour le transport et la toilette.
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La ville de Barentsburg étant soumise à la loi norvégienne, la mine doit se conformer à ses normes de sécurité". Tous les ans, des inspections sont conduites par des experts norvégiens qui pointent souvent des négligences dans les conditions de travail et de sécurité. Et malgré les contrôles annuels complémentaires des services d’Arktikugol, on déplore régulièrement des victimes comme lors de ce coup de grisou qui fit vingt-trois morts en 1997.
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Vladimir est conducteur de haveuse. Comme la grande majorité des travailleurs de Barentsburg, il vient du Donbass, dans l’Est de l’Ukraine. Cette région traditionnellement minière est l’essentielle pourvoyeuse de la main d’œuvre d’Arktikugol. Si les mineurs ukrainiens trouvent à Barentsburg une rémunération bien plus attractive que dans leur pays, les salaires restent trop bas pour attirer en masse des travailleurs russes.
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Serguei, mineur, devant l’une des entrées de la mine. Dans ce secteur s’effectue le tri des roches extraites. Le charbon le plus pur est isolé, et les différentes tailles de roches distinguées.
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En 2011, des étudiants des Beaux-Arts de Saint- Pétersbourg sont venus réaliser des fresques à Barentsburg sur les murs de l’école et aux alentours de la mine.
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Avant la Seconde Guerre mondiale, Barentsburg comptait près de mille cinq cents habitants. Durant la guerre froide, la population soviétique dans le Svalbard était même supérieure à la population norvégienne. Aujourd’hui, on y recense seulement deux-cent- cinquante habitants l’hiver et quatre cents l’été. Les anciens bâtiments d’habitation près du bord de mer ont peu à peu été abandonnées au profit de grands ensembles standardisés situés plus loin dans les terres. Les immeubles construits initialement en bois, ou plus tard en brique, sont les uns après les autres isolés et recouverts d’un revêtement en tôle colorée pour en masquer la décrépitude. En juin 2013, la route menant à l’héliport s’est effondrée. Une déviation a été temporairement créée en passant par le terrain de football.
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La route effondrée en 2013 qui menait à l’héliport a été reconstruite en 2014. Dans cet immeuble d’habitation entièrement réhabilité, les loyers mensuels sont de mille roubles pour une chambre standard, soit le double des autres habitations.
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Le développement du tourisme est devenu une priorité pour le trust Arktikugol afin de palier le déficit de la mine de Barentsburg et surtout son épuisement annoncé. De nombreux travaux d’embellissement de la ville ont été initiés en 2010 ainsi que la création, dans les années qui ont suivi, d’infrastructures touristiques comme le centre d’expédition Grumant, un hôtel, une auberge de jeunesse, un bar et un restaurant. Leur fréquentation reste encore aujourd’hui très faible à cause d’une communication restreinte et de prix en couronnes norvégiennes qui empêchent la population locale d’en profiter. Les habitants de Barentsburg et les touristes vivent d’ailleurs toujours en vase clos, sans cohabitation ou interactions directes.
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Au Svalbard, les écarts saisonniers de température restent relativement faibles grâce au Gulf Stream même si dans une journée, ils peuvent atteindre près de 25° selon la direction du vent.
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La polyclinique de Pyramiden, construite entre 1976 et 1978, était très réputée à l’époque soviétique. Elle se devait d’accueillir sur place des spécialistes qualifiés en médecine générale comme en chirurgie pour pouvoir soigner de manière autonome les travailleurs dans cette région isolée. Le bâtiment est dorénavant abandonné et fermé au public pour des raisons de sécurité. En cas de problème de santé, les quelques habitants de Pyramiden sont obligés de se rendre aujourd’hui à Barentsburg ou à Longyearbyen en hélicoptère.
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Vadim Starkov est professeur et directeur du département d’archéologie arctique à l’Académie Russe des Sciences (RAN), ainsi que directeur scientifique des expéditions sur l’archipel du Spitzberg. Depuis 1978, sous l’impulsion de l’Union soviétique qui cherchait à légitimer la présence russe dans le Svalbard, il consacre ses travaux au Spitzberg et plus particulièrement aux Pomors, premier peuple (originaire de Russie) à avoir prétendument abordé l’archipel et ce, plusieurs années avant Barents et les Hollandais. Malgré quelques passages apocryphes, les recherches de Vadim Starkov ont permis de découvrir et de préciser le patrimoine et la culture des Pomors dans le Svalbard et de certifier qu’ils furent les premiers habitants sédentarisés de l’archipel.
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La tradition veut que chaque employé de la menuiserie de Barentsburg laisse au moins un objet sur son lieu de travail pour participer à la décoration improbable et bigarrée de l’endroit. On peut y trouver de nombreuses affiches de l’époque soviétique, des posters érotiques, des bouteilles d’alcool, mais aussi de l’artisanat local ou des antiquités.
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C’est le hasard et une affiche d’offre d’emploi vue chez son coiffeur qui ont conduit Denis à Barentsburg. Originaire de Murom, à environ trois cents kilomètres à l’est de Moscou, il entame sa septième année ici comme conducteur de bus, tandis que sa femme est cuisinière à la cantine.
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Constantin travaille au Spitzberg comme électricien depuis 1981, ce qui fait de lui le plus ancien employé en activité du trust Arktikugol. Nostalgique de l’époque communiste, il regrette la disparition progressive du sentiment communautaire à Barentsburg.
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La ville de Pyramiden, située dans la baie Adolfsbukta, fait face au glacier Nordenskiold. Ce dernier compte parmi les plus grands glaciers de la région: vingt-cinq kilomètres de long pour onze kilomètres de large. Les appellations du glacier et de la baie font référence à l’explorateur et géologue finno-suédois Nils Adolf Erik Nordenskiold, commandant d’une expédition au Spitzberg en 1872-1873. En saison estivale, deux compagnies de croisières touristiques organisent des excursions depuis Longyearbyen suivant deux itinéraires principaux: l’un vers le glacier Nordenskiold et Pyramiden, l’autre en direction du glacier Esmark et Barentsburg. Les bateaux norvégiens alternent ainsi les destinations afin de desservir chaque site quotidiennement, amenant des groupes allant de vingt à soixante personnes environ. On estime les recettes d’Arktikugol liées au tourisme à un million de couronnes norvégiennes par an.
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Docteur en géologie et minéralogie à l’Académie des sciences de Mourmansk, Gennady poursuit depuis plus de quarante ans des recherches au Svalbard.
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L’eau potable de Barentsburg provient d’un lac situé de l’autre côté du fjord. Deux travailleurs du PVK, le centre de traitement des eaux et du chauffage, s’assurent du bon fonctionnement de ces installations. Durant ces missions d’au moins six mois, ils vivent dans un isolement complet.
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Katia, ici dans le Centre culturel de Pyramiden, s’occupe de la gestion de l’hôtel de la ville déserte.
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Natalia est institutrice depuis 2003 dans l’école. Elle vient de Belaya Kalitva au nord de Rostov-sur-le- Don, ville russe frontalière de l’Ukraine. En 2013, l’école accueillait trente- trois élèves âgés de deux à quinze ans. L’été, elle se transforme en garderie, proposant aux enfants des activités manuelles, des cours de chant et des jeux.
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Nastia, dans le hall de l’école. Son père est mineur et sa mère couturière. L’école a été fermée en 1995 suite à la crise économique post soviétique. Arktikugol ne voulait pas prendre en charge le coût supplémentaire qu’elle représentait. Elle a rouvert en 2000, ainsi que les centres de recherches scientifiques, quand la Russie a redécouvert le potentiel strate?gique du Svalbard et a décidé de réinvestir dans la ville.
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Serguei, dans les coulisses de la salle de spectacle du centre culturel. Arrivé en 2001 de la région de Lougansk en Ukraine, il est mineur mais aussi chanteur, directeur artistique et ingénieur du son de l’ensemble Barentsburg, groupe amateur de danses et chants folkloriques russes. Des spectacles ont lieu durant l’été pour les touristes et tout au long de l’année selon les grandes fêtes du calendrier pour les habitants. Alors que les spectacles chantent les louanges de la Russie et de sa culture, tous les acteurs sur scène sont originaires d’Ukraine.
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Lena, dans les vestiaires de la salle de spectacle, entourée de tenues folkloriques. Elle est mariée à Serguei, comme elle membre de l’ensemble Barentsburg. De formation classique, elle s’est formée aux danses folkloriques sur place et se produit sur scène depuis 2004. Elle s’occupe aussi de l’accueil du centre sportif et du magasin de souvenirs du Muse?e Pomor qui ouvre lorsqu’un bateau de tourisme accoste.
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Ksenia, directrice du Complexe culturel et sportif en 2013 et professeure de musique à l’école, en habit traditionnel russe pendant un spectacle de l’ensemble Barentsburg. Arrivés en 2008, Ksenia et son mari Vitali, responsable du tourisme et professeur d’anglais à l’école, sont partis s’installer à Longyearbyen en avril 2014.
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Natalia est originaire du Donetsk en Ukraine. Elle travaille à la blanchisserie et à l’épicerie. Barentsburg possède deux magasins exclusivement réserves aux habitants de la ville: on y trouve de la nourriture, des boissons ainsi que des vêtements, de l’électronique et tous les produits de première nécessité. Jusque dans les années 2000, une serre municipale permettait de fournir la ville en fruits et légumes mais cette dernière a été fermée pour des raisons budgétaires. Depuis cette date tout est importé à Barentsburg et les produits frais sont rares. Il n’y a pas de liquidité à Barentsburg. La ville se trouvant sur un territoire norvégien, la seule devise officielle reste la couronne norvégienne. Mais cette monnaie est forte et la Russie aurait trop à perdre en l’adoptant. La solution trouvée a tout simplement été de bannir tout argent liquide sur place. Du moins pour les travailleurs. Dans les magasins de la ville, les prix sont donc indiqués en roubles mais on ne peut régler qu’avec une carte nominative délivrée à la signature du contrat de travail avec le trust Arktikugol. Les touristes ne peuvent donc pas bénéficier des prix avantageux pratiqués à Barentsburg, bien loin des standards norvégiens de Longyearbyen et sont invités à dépenser leurs couronnes uniquement à l’hôtel ou au restaurant de la ville.
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Le gymnase de Pyramiden est situé au rez-de-chaussée du Centre culturel. Des compétitions avec les équipes norvégiennes étaient fréquemment organisées, même durant la guerre froide. La coopération sportive et culturelle permettait surtout de faire bonne figure malgré des tensions diplomatiques de plus en plus fortes. En plus du gymnase et de la salle de spectacles, les habitants avaient à leur disposition des salles de musculation, de danse, de musique ainsi qu’une bibliothèque.
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Sasha est arrivé en 2007 avec sa femme Bastia de Rostov-sur-le-Don, région du Sud-Ouest de la Russie, près de l’Ukraine. Lui est électricien; elle est en charge de la distribution des équipements aux mineurs. Barentsburg sert souvent de tremplin financier pour de jeunes couples. Les salaires y sont relativement attractifs, la consommation réduite à l’essentiel et les distractions rares: l’épargne y est donc forcée.
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Mikhail est électricien au TETS, la centrale électrique de Barentsburg. Il se baigne tous les dimanches dans la piscine du Centre sportif. Achevée en 1987, elle se de?lite peu à peu à cause de l’eau de mer qu’on utilise pour la remplir et du manque d’entretien.
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Natasha est serveuse depuis 2013 au restaurant de l’hôtel. Elle est venue à Barentsburg pour rejoindre son mari et son oncle qui travaillent respectivement à la mine et à la centrale de chauffage et de distribution des eaux. L’hôtel est très peu fréquenté durant l'été, voire pas du tout, mais affiche souvent complet l’hiver grâce au développement des excursions en motoneige dans la région.
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Yuri Gribkov est le consul général russe pour le Spitzberg jusqu’en 2016. Depuis son arrivée à Barentsburg, il s’emploie à rénover aussi bien le consulat que la ville. Ancien consul général de la Fédération russe à Marseille, il parle parfaitement le français, ainsi que l’anglais et l’ukrainien. La présence des ours dans la région lui confère le privilège d’être le seul consul à pouvoir être armé. Derrière lui, les drapeaux russe et norvégien ainsi qu’une fresque célébrant la collaboration des deux pays par l’intermédiaire des portraits de Vladimir Roussanov et Fridtjof Nansen, deux célèbres explorateurs du Svalbard.
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Ancien militaire russe, Vitaly travaille à Barentsburg depuis six ans comme aide de camp au centre scientifique Kola, une antenne russe de l’Académie des sciences de Mourmansk. Ouvert en 1986, puis fermé à la chute de l’Union faute de crédits, le centre a été rouvert en 2000, accueillant de nouveau des biologistes, des géologues, des météorologues et des botanistes.
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La nuit polaire dure quatre mois au Spitzberg, de mi-novembre à mi-février. La fête du Soleil, un des rares jours fériés à Barentsburg avec le nouvel an et la fête du mineur, célèbre la fin de la nuit polaire, le 23 février.
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Le port de Barentsburg est en veille chaque hiver même si l’eau du fjord ne gèle plus dans cette partie du Spitzberg. Les touristes ne viennent par bateau qu’à la belle saison, entre mai et octobre. Seuls de rares cargos de ravitaillement et d’autres transportant la production de charbon y accostent de manière aléatoire et espacée.
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Micha, originaire du Tadjikistan, était cense? rentrer à Douchanbé après la fin de son contrat en 2014. Mais il a été obligé de rempiler pour remplacer son fils qui a été blessé à Pyramiden.
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La plupart des bâtiments à Barentsburg sont abandonnés ou en cours de rénovation. Les travaux d’extérieur sont réalisés en période estivale, tandis que les chantiers d’intérieur sont gardés pour l’hiver. Les différentes communautés de Barentsburg semblent toujours soumises par les hiérarchies nationales en vigueur à l’époque de l’URSS. Saisonniers, considérés comme de la main d’œuvre interchangeable et bon marché, les travailleurs du bâtiment tadjiks ou arméniens n’ont pas le même type de contrat que les Ukrainiens ou les Russes, ni la même rémunération.
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La ville de Pyramiden, nommée d’après la forme de la montagne qui surplombe la ville, a été fondée par des Suédois puis revendue à une compagnie russe en 1926. L’extraction minière par le trust Arktikugol n’a commencé qu’en 1940 avant d’être définitivement abandonnée en 1998 à cause des difficultés d’extraction et surtout d’acheminement de la production auxquelles devait faire face Arktikugol. Pyramiden est maintenant une ville fantôme qui semble être restée figée depuis le jour du départ de ses derniers habitants, faisant ainsi de Barentsburg le dernier bastion russe en activité dans le Svalbard. Ce monument, à l’entrée de la ville, célèbre la dernière tonne de charbon extraite à Pyramiden le 31 mars 1998. L’anecdote veut que le guide touristique ait à remplir régulièrement le wagonnet pour remplacer les morceaux que les touristes emportent en souvenir.
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Elizaveta est la fille du consul de Russie au Spitzberg. Elle vit à Paris où elle étudie la littérature. Elle vient quelques semaines par an à Barentsburg rendre visite à son père. Sa mère, Tatiana, habite elle aussi en France où elle s’occupe de la Maison de la Russie à Nice et du ciné-club de l’Alliance franco-russe à Marseille.
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Irina est responsable depuis 2007 de la supervision des constructions liées à la mine. Célibataire, elle élève seule ses deux filles à Barentsburg. Karina, son aînée, a préparé en 2014 l’équivalent russe du baccalauréat à Barentsburg avant de passer l’examen à Moscou.
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Venu seul, Serguei est électricien à Barentsburg depuis 2011.
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Serguei est « dispatcher » c’est-à-dire la personne en charge de la gestion et de la sécurité au quotidien dans la mine. Il assure seul l’ensemble des communications entre les équipes des mineurs et les différents responsables. En cas d’incident, le dispatcher est la première personne à relayer l’alerte et à déclencher le plan d’urgence.
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Ljudmila travaille au centre de distribution et chauffage des eaux de Barentsburg (PVK). Arrivée en 1996, elle est l’épouse du directeur de la centrale électrique. Leurs deux fils travaillent également à la mine. Comme de nombreuses femmes à Barentsburg, Ljudmila s’est vue obligée d’occuper à son arrivée un poste en deçà de ses compétences afin de pouvoir justifier sa venue aux côtés de son mari. Il n’y a pas de chômage à Barentsburg, tous les habitants de cette ville-entreprise travaillent pour le compte d’Arktikugol.
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Oleg, Vitalik, Pavel et Evgeni appartiennent à l’équipe de mécaniciens chauffagistes du PVK, pour «Par, Voda, Kanalisacia» (Vapeur, Eau, Canalisation), centre chargé de la distribution et du chauffage des eaux pompées depuis le lac Stemmevan situé de l’autre côté du fjord. Ils regardent ici les informations relatives au conflit ukrainien. Pris en étau entre la Russie et l’Ukraine, déçus par les deux pays, ils sont pour l’instauration d’une République autonome du Donetsk.
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La particularité de la mine de Pyramiden venait du fait que les mineurs ne descendaient pas dans la mine mais y montaient. Avant de rentrer dans les galeries d’extraction, ils devaient en effet d’abord prendre un funiculaire pour se rendre à l’entrée de la mine à plus de quatre cents mètres au- dessus du niveau de la mer.
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Oksana et Igor travaillent au poste de contrôle du train de la mine. Afin d’éviter tout accident, deux personnes doivent obligatoirement s’épauler pour prévenir tout risque de malaise ou d’incident.
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Denis et Igor, qui travaillent depuis plus de cinq ans au garage de Barentsburg, finissent bientôt leur contrat et s’apprêtent à partir pour les congés obligatoires de deux mois. Le régime alimentaire pauvre et peu diversifié ainsi que les conditions climatiques de la région nécessitent des retours réguliers sur le continent pour prévenir toutes les carences qu’elles peuvent entraîner.
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Arrivé en 1996, Georgy est, selon ses collègues le meilleur mécanicien de Barentsburg.
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Oncle Kolia, comme le surnomment ses collègues, est soudeur de profession. Il vient de «là où on se tire dessus», le Donetsk, et plus exactement de la ville de Drujkovka, dans l’est de l’Ukraine. Depuis 2014, le conflit ukrainien autour du Donbass, région minière dont sont originaires la plupart des travailleurs de Barentsburg, divise autant ici que sur le continent. Se retrouvent là-bas les mêmes tensions, les mêmes divisions et la même tristesse. Les pro- russes, pro-ukrainiens ou pro-République du Donetsk se côtoient malgré eux et vivent passivement le conflit par médias interposés.
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Salle de repos du la centrale électrique de Barentsburg.
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Portraits d’ingénieurs dans la salle d’attente du funiculaire de la mine abandonnée de Pyramiden.
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Vue sur le Grønfjord depuis le garage de Barentsburg.
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Igor, manutentionnaire. Le train amenant le charbon de la mine au TETS, la centrale électrique de Barentsburg, est familièrement appelé le «métro». La mine fonctionne vingt- quatre heures sur vingt- quatre, sept jours sur sept, hiver comme été. Les études réalisées sur le site prévoient l’épuisement des réserves de charbon en 2030. Aussi Arktikugol réfléchit à la réouverture du site de Colesbay, abandonné en 1962.
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Mahmad Khuja a quitté en 2013 Douchanbé au Tadjikistan pour venir travailler à Barentsburg. Les responsables russes de Barentsburg ne cherchent pas à apprendre les prénoms des travailleurs de la communauté tadjik et leur demandent de prendre sur place un patronyme russe. Mahmad est donc connu ici sous le nom d’Asimov.
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Seuls des travailleurs tadjiks travaillent à la décharge de Barentsburg. Depuis 2008, des travaux de nettoyage des colonies minières russes de l’Arctique ont été commandés par Moscou et ce, pour répondre aux obligations écologiques en vigueur au Svalbard. Des tonnes de ferrailles sont donc entassées ici en attendant une décision officielle.
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Poste relais de la station de pompage d’eau potable de Barentsburg sur la rive nord du Grønfjord.
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Contrairement à l’aspect anarchique de Barentsburg, Pyramiden a été pensée selon un urbanisme soucieux du bien-être de ses habitants. Son allée centrale, surnommée «les Champs- Elysées», porte officiellement le nom de «rue des 60 ans de la Grande Re?volution d’Octobre», célébrée en 1977. A son extrémité se trouve le buste de Lénine, le plus septentrional du monde. Les principaux logements sont répartis autour de cet espace central, dont deux immeubles appelés «Paris» et «Londres». Selon une légende grivoise, «Paris» n’aurait accueilli que les femmes célibataires de Pyramiden.
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Léo Delafontaine
Léo Delafontaine est né en 1984 et s'est spécialisé en photographie et en littérature française. Il a produit une série sur les trois monothéismes pour le festival de photographie Photaumnales. Le projet a été publié par Diaphane Editions en 2011, avec des textes de Chr...
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La mer des Cosmonautes
Cédric Gras
Vu du pôle Sud, l’Antarctique est au centre de la Terre. D’une superficie de 14 millions de kilomè...
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