La mer des Cosmonautes
Vu du pôle Sud, l’Antarctique est au centre de la Terre. D’une superficie de 14 millions de kilomètres carré, il fait figure du continent le plus méridional de notre planète. Jours interminables et nuits sans fin, une température moyenne de –57 °C accompagnée de vents secs et glacials : telles sont les conditions climatiques de cette région montagneuse, recouverte d’une épaisse calotte glacière. Aride, l’Antarctique l’est sans aucun doute. Mais le continent blanc n’en est pas moins une terre fertile, car capable de faire éclore des rêves d’explorations, d’expéditions et de recherches scientifiques aussi ambitieuses que son sous-sol est inconnu. Ses côtes, furent quant à elles aperçues pour la première fois en 1820 par Mikhaïl Lazarev et Fabian Gottlieb von Bellingshausen, tous deux aux commandes d’une expédition russe dans les eaux de l’océan Austral, au-delà du cercle polaire. Ainsi, l’histoire de l’Antarctique russe débuta conjointement avec la découverte du continent austral par les Hommes.
« L’Antarctique a cette force d’attraction des choses inaccessibles qui appellent l’Homme à s’engager avec passion ». On pourrait imaginer que Jean-Louis Etienne déclara cette belle phrase après avoir salué les poliarniks au départ pour l’Antarctique. Cédric Gras est parti avec eux. La 61ème expédition antarctique russe est au complet. Le brise-glace Akademik Fedorov quitte le Cap, direction plein sud avec pour mission de ravitailler les bases russes implantées sur le désert de glace, bordées par des mers dont les noms font référence à l’Union Soviétique lorsqu’ils ne sont pas inspirés du cosmos.
Au cours de ce voyage, Cédric Gras fit la connaissance des poliarniks, ces membres d’expéditions entièrement dévoué aux pôles, parlant de l’Antarctique comme tout un chacun évoquerait son jardin et surtout héritiers d’une histoire qui lorsqu’elle est conté fait resurgir toute une époque. Encore aujourd’hui, les poliarniks restent indissociables de leurs prédécesseurs, dont ils tirent une certaine fierté mais non sans un soupçon de nostalgie des gloires passées, lorsque l’exploration était ce que l’URSS faisait de mieux. Véritables héros des républiques socialistes, les premiers poliarniks s’engageaient jusqu’aux confins inconnus de la Terre avec dans leur sillage : les cosmonautes. Ces derniers poussèrent plus loin encore l’esprit de conquête soviétique. À bord du brise-glace, Cédric Gras fut ainsi le témoin d’un monde à part, un monde né de conquêtes dignes des plus belles épopées, mais qui n’est pas sorti indemne de l’écroulement de l’URSS. Aujourd’hui, cosmos et Antarctique ne bénéficient plus des même dispositions, ni ne poursuivent les même ambitions, mais sont indéniablement unis car « le russe est la langue du cosmos et aussi de l’Antarctide ».
Série réalisée durant la 61ème expédition antarctique russe, octobre 2015-mai 2016. Légendes et photographies ©Cédric Gras.
Cette série se veut comme une illustration du livre « La mer des Cosmonautes », écrit par Cédric Gras et paru aux éditions Paulsen en 2017.
Localisation
Antarctique
Cédric Gras
Écrivain adepte des voyages au long court, Cédric Gras met ses observations et réflexions au service de la littérature. Ses livres sont autant de témoignages sans prétentions, qui lèvent le voile sur certaines facettes de notre Terre et éclairent quelques-unes des nombr...
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