Siorapaluk- Côte Ouest du Groenland 2018
Siorapaluk est le village habité le plus septentrional du Groenland et de la planète. Il est situé à 78° de latitude nord et à 1362 km du pôle Nord. Siora signifie le sable en Groenlandais car en dessous de la glace, se cache une petite plage. Une quarantaine d’habitants y résident essentiellement des chasseurs et leur famille. De nombreux habitants du village sont des descendants des Inuit du Canada, ayant migré à Siorapaluk vers 1880. Le village a été rendu célèbre par Jean Malaurie dans son best-seller Les derniers rois de Thulé en 1955. Aujourd’hui, à Siorapaluk, la vie a encore de nombreux aspects traditionnels mais elle s’est modernisée et occidentalisée. Il y a à présent un magasin, une école, une infirmerie, un héliport. L’électricité fonctionne dans le village, ainsi que la radio et internet de temps en temps !
À Siorapaluk, la chasse reste la principale activitée. Même si le magasin, l’école, et les activités municipales génèrent quelques emplois. La chasse se pratique toujours de façon traditionnelle, en traîneau. Chaque habitant a sa meute de chiens et les enfants apprennent à conduire un attelage dès leur plus jeune âge. On chasse les phoques, les baleines, les morses, les renards arctiques, les lièvres arctiques, les ours polaires et les oiseaux migrateurs. Un bateau de ravitaillement ne passe que deux fois dans l’année lorsque la banquise le permet ! Face à la rudesse du climat, la vie est communautaire, dans le partage, l’entraide, en harmonie avec la nature. Fiers de leur culture les habitants essayent de conserver leur mode de vie, aujourd’hui menacé par le monde moderne :
À cause du changement climatique, la glace de mer se forme plus tard. Parfois, elle ne se forme pas avant mi-décembre au lieu de septembre. L’amincissement et l’instabilité de la glace posent problème notamment pour la chasse. Par ailleurs, le changement climatique risque d’entrainer de plus en plus de catastrophes environnementales. Il existe désormais des risques accrus de glissements de terrain et d’inondations. En 2016, de fortes pluies ont entraîné un important glissement de terrain et des éboulements de roches provenant de la montagne. Le cours d’eau a débordé et des torrents se sont formés, détruisant des maisons et tuant des chiens. De plus, la pollution pose problème. Elle est transportée, en partie, par les courants océaniques et atmosphériques depuis les pays industrialisés. Les animaux marins et les ours polaires sont les plus touchés par les toxines. Or les habitants se nourrissent de ces animaux. Des niveaux élevés de mercure s’accumulent dans la chair des animaux et menacent la sécurité alimentaire. Aussi, le Groenland est un territoire du Danemark. Dans une volonté d’indépendance du pays et d’une meilleure autonomie économique, la politique gouvernementale est de fermer les petits villages pour rassembler la population dans les grandes villes. L’avenir du village semble être remis en question …
À Siorapaluk, mes voisins les Hendriksen, m’accueillent bras ouverts dans leur famille et leur univers lumineux. Je partage leur incroyable quotidien pendant un mois …
Série réalisée entre avril et mai 2018. Ce travail a reçu le soutien du magazine Terre Sauvage, de la fondation Iris, des marques Columbia et Sorel, de Vincent Munier ainsi que de la famille Hendriksen
Textes et photographies © Camille Michel – Studio Hans Lucas
Localisation
Siorapaluk
Camille Michel
Née en 1988, Camille Michel est une photographe française ayant étudié les arts à Paris 8 et la photographie à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. Ses photographies constituent des documentaires poétiques. Elle est représentée par le studio Hans Luc...
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