SÁPMELAŠ
Les Sámi constituent la première population autochtone du nord de l’Europe. Ils sont à ce jour entre 70 000 et 100 000, répartis sur un vaste territoire qu’ils appellent en langue sámi, le Sápmi. Ce territoire s’étend des côtes norvégiennes à la péninsule de Kola en Russie, en passant par la Finlande boréale et les régions forestières et montagneuses du nord de la Suède, jusqu’à des régions plus au sud comme le Jämtland en Suède et le Sør-Trøndelag en Norvège.
Localisation
Gargiaveien, 9525 Maze, Norvège
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Portrait de femme sámi
Ellen-Marit Utsi Sara, à Áisaroaivi, petit village sámi au nord d’Alta en Norvège. Le village, composé de quelques cabanes de bois, a été construit en plein cœur des territoires de transhumance des troupeaux de rennes. Le village est peuplé périodiquement par quelques éleveurs qui viennent surveiller leurs troupeaux pâturant aux alentours, mais aussi de femmes comme Ellen-Marit, qui ont vécu toute leur vie dans ce territoire.
© Annabelle Fouquet / Observatoire Photographique des Pôles
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Portrait de femme sámi
Toute l’année, sur les hauteurs du parc Stora Sjöfallet, en Suède, les éleveurs d’Unna Tjerus suivent la transhumance de leurs troupeaux de rennes. Le monde de l’élevage est majoritairement masculin mais les femme d’éleveurs participent activement au travail. Ellen Utsi : "Quand on s’assied tous autour de la table pour manger de la viande de renne, on a tous le sentiment que c’est notre viande, à nous tous. Mais si vous demandez s’il y a égalité des sexes pour le travail d’élevage de rennes, la réponse est non."
© Annabelle Fouquet / Observatoire Photographique des Pôles
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Portrait de femme sámi
Marquage des faons, Vuotso, Finlande. Des jeunes filles voudraient devenir éleveuses, mais c’est plus difficile que pour les hommes. Proches des enfants scolarisés en ville, les femmes se sont progressivement retirées de l’élevage. En Norvège, “Les lois étaient faites pour les hommes, leur accordant les droits de concession d’élevage de rennes. Avant, les femmes pouvaient aller plus facilement au troupeau. Aujourd’hui, il faut qu’elles aient des emplois rémunérés, elles ne peuvent plus se rendre au troupeau.” (Ellen Utsi)
© Annabelle Fouquet / Observatoire Photographique des Pôles
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Portrait de femme sámi
Marquage de faons dans la sameby Unna Tjerus, Stora Sjöfallet, Suède. Pour pouvoir subsister grâce à l’élevage de rennes et à la vente de viande, il faut posséder au moins 400 rennes. Le manque de terres de pâturage sur le territoire sámi amène la concurrence entre éleveurs. Défi d’autant plus grand pour des femmes se lançant dans l’aventure. “Si toutes mes sœurs travaillaient, il n’y aurait pas assez d’espace, de terres pour que les rennes survivent”, explique John-Andrea Utsi, éleveur de rennes à Kautokeino.
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Portrait de femme sámi
Ellen Utsi, est journaliste à Kautokeino, une ville sámi au nord de la Norvège. “Je suis un peu éleveuse de rennes. Je ne travaille pas avec, mais j’en possède. Je vais de temps en temps sur le territoire. J’ai un travail indépendant. Je suis une éleveuse des temps modernes et je fais mon travail d’éleveuse devant un écran d’ordinateur..." Aujourd’hui, les femmes sámi ont moins la possibilité de se rendre sur le territoire et de côtoyer les troupeaux : elles doivent vivre en ville et avoir des emplois rémunérés.
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Portrait de femme sámi
Ingá-Máret Gaup-Juuso se prépare pour un concert de Joik (chant traditionnel sámi), elle porte la robe sámi, la gákti. Elle vit à Kautokeino avec un éleveur de rennes. Elle y étudie la langue sámi à l’université Allaskuvla. La majorité des femmes d’éleveurs doivent occuper un emploi à temps plein afin de pouvoir subvenir aux besoins de la famille, car le coût de l’élevage de rennes est très élevé (motoneiges, quatre-roues, gaz pour les cabanes sur les territoires...).
© Observatoire Photographique des Pôles
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Portrait de femme sámi
Karen-Ellen Utsi s’apprête à se rendre à un cours d’informatique à Kautokeino. Elle a arrêté de suivre la transhumance du troupeaux de rennes dans les années 60, alors que son mari a continué jusqu’à sa mort. Le fils de Karen a repris la charge du troupeau. "On est venu vivre plus proche de la ville à cause de l’école des enfants. Je connaissais la vie en internat et je n’en voulais pas pour eux. Ils auraient passé trop de temps loin de nous, 10 mois par an.”
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Renne
À quelques mètres de la maison de Karen-Ellen Utsi, quelques rennes sont attachés à des bouleaux. Ces rennes sont souvent trop faibles pour suivre la transhumance du troupeau. Ils restent proches des habitations tout l’hiver et se font nourrir. Plus habitués à l’humain, ils seront utilisés comme rennes d’attelage pour les concours du festival de Kautokeino, à Pâques. De plus en plus d’éleveurs de rennes gardent quelques rennes en enclos près des maisons à cause du manque de nourriture. Ils ne sont pas capables de briser la glace pour se nourrir. Le réchauffement climatique influe beaucoup sur les formes d’élevage et les coûts liés à l’élevage.
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Portrait de femme sámi
Kari-Mákreda Utsi étudie la biologie arctique à Tromsø. Sa famille reste à Kautokeino. "Si j’avais eu le choix, j’aurais quitté l’école depuis longtemps. Pour moi, le mode de vie traditionnel sámi et l’élevage des rennes sont plus importants. Rester chez moi, travailler l’artisanat, m’occuper des troupeaux, ce serait parfait. Les jeunes sámi essaient d’apprendre le travail traditionnel, la langue, la façon de vivre… Pourtant ils sont obligés de mener une vie à l’occidentale."
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Portrait de femme sámi
À cheval entre sa vie d’étudiante et sa vie de mère, Ingá-Máret Gaup-Juuso confectionne des habits traditionnels : "Je n’ai pas beaucoup de temps libre. Avec ma mère, j’essaie d’apprendre tout ce que je peux dans l’artisanat, mais il y a tant de choses auxquelles il faut penser, qu’il faut connaître. C’est très précieux, je me sens bien quand je porte la robe traditionnelle. Parmi tout ce que mes ancêtres ont fait, ont su, beaucoup de choses ont disparu. Il faut qu’on se batte pour ce qu’on sait encore."
© Observatoire Photographique des Pôles
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© Observatoire Photographique des Pôles
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Robe traditionnelle sámi
Partie de la gákti, robe traditionnelle féminine, région de Kautokeino, Norvège. Christine Utsi, jeune artisan : "Dans la société suédoise, on vous juge par votre travail, votre voiture, le style de vos vêtements. Dans la société sámi, on vous juge au nombre de rennes que vous possédez et à la qualité de vos vêtements. Si vous voulez vivre selon la tradition sámi, il faut que quelqu'un dans la famille maîtrise le duodji, l’artisanat traditionnel. La plupart des femmes considèrent que ce savoir est important."
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Portrait de femme sámi
Marianne Ketola a 11 ans lorsque sa mère lui montre comment marquer son premier renne, à Pitsusjärvi, un camp de transhumance au nord de la Finlande. Elle s’y rend tous les étés en compagnie de sa famille et d’autres familles d’éleveurs. Ellen Utsi, mère de deux enfants explique : "Les femmes apprennent aux enfants à marquer les petits, à reconnaître les rennes. Elles ont un travail important de transmission. Le problème, c’est qu’elles n’ont plus le temps nécessaire à cause de leur travail."
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Portrait de femme sámi
Kirsten-Ellen Gaup-Juuso prépare le festin de Pâques. Un pasteur et l’ensemble du village sámi de Raittijärvi sont conviés chez elle après la messe. Dans la société traditionnelle sámi, les femmes ont de nombreuses responsabilités dont celle de báikedoalli : le maître du lieu, elles s’occupent du départ des éleveurs, des finances... "Les femmes sámi dirigent vraiment la maison. Mais aujourd’hui, elles sont aussi plus stressées à cause de la vie qu’elles ont en plus à l’extérieur du foyer familial."
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Peaux de caribous
Peaux de caribous séchant en attendant d’être préparées pour la confection de vêtements, Kautokeino, Norvège. "Avant, l’élevage était un revenu familial global : vente de viande, travail des peaux, artisanat. Maintenant c'est séparé : une entreprise pour la viande, une pour les chaussures, explique Sara-Ingá Utsi Bongo. Le système norvégien ne subventionne que le commerce de la viande. Mais l’élevage de rennes c’est bien plus que ça. Ça ne consiste pas seulement à sortir et s’occuper du troupeau."
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Portrait de femme sámi
Berit Sara est artisane et vend des articles non traditionnels dans un centre commercial à Alta, nord de la Norvège. "Aujourd’hui, le parlement sámi aide les artisanes, mais les organisations d’éleveurs de rennes ne s’occupent pas de l’artisanat et du travail des femmes. Seulement du travail des hommes et de la viande. C’est un exemple de la façon dont le gouvernement oriente le monde de l’élevage de rennes. Les femmes sont considérées comme quantité négligeable", explique Sara-Ingá Utsi Bongo, jeune artisane.
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Portrait de femme sámi
Kirsten-Ellen Gaup-Juuso, 53 ans, nord de la Finlande. "J’aurais aimé étudier, mais il fallait aider la famille. J’ai commencé à travailler à Hetta dans le premier jardin d’enfants sámi. On préférait que les femmes se consacrent à l’artisanat, aux rennes, qu’elles aident les hommes, nourrissent les enfants, fassent le ménage, les repas. Maintenant elles travaillent à l’extérieur, l'artisanat ne rapporte plus assez. Elles n’ont pas fait d’études et n'ont que des emplois mineurs. Une situation très difficile."
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Portrait de femme sámi
Au sein de la garderie sámi, Kirsten-Ellen Gaup-Juuso enseigne la langue sámi aux jeunes qui ne la parlent pas chez eux. Dans son enfance, la situation était inversée : à l’internat, elle était obligée de parler norvégien. Il n’y avait pas de professeur sámi car ils étaient peu nombreux à être instruits. Mais les livres en sámi ne sont pas encore disponibles en grand nombre et des efforts sont encore à faire.
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Portrait de femme sámi
Christine Utsi est née d’une mère sámi et d’un père suédois. Elle est artisane à Porjus, nord de la Suède et vit avec un sámi éleveur de rennes à temps partiel. Elle accorde plus de valeur à sa part sámi parce que cette culture a en partie disparu. Comme si la société suédoise était toujours en train de la grignoter. Pourtant, avec ses frères et sœurs, ils ont été élevés par leur mère comme des Suédois afin de ne pas être partagés entre deux cultures, deux identités.
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Portrait de femme sámi
Christine Utsi prépare le pain traditionnel sámi, la gáhkku, qu’elle s’apprête à cuire sur le foyer, sous la laavu, la tente traditionnelle. Selon elle, dans la culture traditionnelle sámi, les tâches féminines comme l’artisanat, l’éducation, la cuisine ou les soins du logis sont encore respectées par les hommes. "La société sámi donne encore beaucoup de valeur à des travaux qui ne génèrent aucun revenu."
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Transhumance
Christine Utsi et Emil Pitja se sont construit deux cabanes sur les territoires de transhumance des rennes dans le parc de Stora Sjöfallet, en Suède. Emil travaille comme charpentier et comme éleveur. Christine travaille à son compte comme artisane. Tous deux alternent régulièrement leur lieu de vie en fonction des saisons et de la transhumance des troupeaux.
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Portrait de femme sámi
À l’université sámi de Kautokeino, Sara-Ingá Utsi Bongo étudie le duodji, l’artisanat traditionnel. Elle est la seule fille de sa famille à le faire. Le parlement sámi ne donne pas d’argent à toutes les femmes qui pratiquent l’artisanat, mais les soutient quand elles arrivent à un certain niveau d’investissement. Elle aurait préféré faire ce travail pour répondre aux seuls besoins de sa famille, mais depuis toujours, les sámi ont créé des objets à vendre pour les autres, les non-sámi. Cela ne la dérange donc pas de créer pour vendre.
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Université sámi de Norvège
L’unversité sámi de Norvège, Sámi Allaskuvla, est située à Kautokeino. Suite à des décennies de pratiques assimilatrices dans les institutions scolaires, le premier Conseil éducatif sámi a vu le jour en 1959. Aujourd’hui, l’université de Kautokeino offre un enseignement strictement en langue sámi, au sein d’un environnement essentiellement sámi. Pour Sara-Ingá Utsi Bongo, "L’école est importante : elle fait partie du processus de décolonisation et elle permet le retour à la fierté d’être sámi."
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Portrait de femme sámi
Ingá-Máret Gaup-Juuso effectue une licence en linguistique sámi à l’université de Kautokeino. Pour sa mère, la jeune génération a une bonne image d’elle-même. Elle s’investit plus facilement en politique pour défendre la culture sámi. Leur voix est plus forte, comme celle des femmes. “On n’est plus aussi honteuses de notre identité sámi qu’à mon époque, où on avait du mal à dire qu’on était sámi, en Finlande..."
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Portrait de femme sámi
Kari-Mákreda Utsi se sert du troupeau de rennes familial pour effectuer ses recherches en biologie arctique. Sa mère Karen-Ellen, qui est née dans ce territoire et y a passé toute sa vie, l’accompagne dans ses périples.
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Portrait de femme sámi
À la fin Juillet, Kirsten-Ellen Gaup-Juuso et ses filles cueillent la plaquebière, luomi, en langue sámi. Elles vont faire de ces baies sauvages de la confiture en quantité considérable. Plus tard viendra la récolte des myrtilles et des airelles.
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Marquage des rennes
Chaque été, après la naissance des rennes, on regroupe les troupeaux et les rennes de plusieurs éleveurs d’une même localité, au sein d’enclos afin d’identifier l’appartenance des nouveaux-nés. La marque, que l’on tranche sur l’oreille des rennes, est un motif distinct qui identifie le propriétaire de l’animal. Cette marque est apprise par les enfants dès le plus jeune âge. Le marquage de rennes dure plusieurs jours et c’est un événement important qui donne l’occasion aux familles de se réunir.
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Portrait de femme sámi
Ellen-Maarit Juuso a 12 ans. Elle est au camp familial de Pitsusjärvi pour toute la durée du marquage des rennes nouveaux-nés. "Je viens ici parce qu’on peut venir en hélicoptère et ça c’est drôle. Ici, j’ai mes propres rennes, que je peux attraper moi-même. On est libres, il n’y a pas de voitures, ni de magasins comme en ville. Mais par contre, on doit rester éveillés toute la nuit pour marquer les rennes et dormir toute la journée. Je suis vraiment fatiguée."
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Portrait de femme sami
Ingá-Máret Gaup-Juuso, est sous la laavu, à Pitsusjärvi, un camp d’éleveurs où elle se rend chaque année avec sa famille.
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Annabelle Fouquet
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