Au milieu de l’après-midi, je commençais à me demander si je ne devais pas rentrer à Moscou pour rejoindre une autre région… Parce que rien ici n’avance. J’ai rarement connu cela. L’impression que de toute part rien n’est possible sans des montagnes d’argent (que je n’ai pas). Un sentiment totalement désabusé…
J’ai toujours travaillé et compté sur un système de bonnes volontés, de contacts qui vous trouvent sympa (ou votre projet) et qui sont d’accord pour vous rencardez sur un copain, pour téléphoner à un cousin, un voisin, etc.
C’est un principe auquel je tiens. Je crois (peut-être naïvement, je ne sais pas) qu’au final, cela se voit sur les photos. La différence entre un portrait acheté et un portrait reçu en cadeau…
Et puis, une visite de plus au bureau (magnifique, tout de marbre) du gouverneur pour récupérer quelques documents. Quoi dire ? Que tout va bien, faire semblant ? Non, à quoi bon ? Et c’est souvent dans ces moments de vérité que les situations se débloquent. Svetlana (qui m’assiste depuis que je suis ici) décide de téléphoner à un certain Kyril qui à l’habitude de travailler avec l’administration régionale.
Deux heures plus tard, Kyril est dans notre chambre. Il ne comprend pas bien comment je travaille mais bon, comme il me dit : c’est ton problème ! En tout cas, il est OK pour m’aider, me faire naviguer dans son réseau de « frères » (qui peuvent être des frères, des vrais, des copains, des cousins…) dans les villages qui jalonnent l’Ob et dans la toundra. Eh oui, enfin, il n’est pas question de cent euros par jour mais de payer pour l’essence et apporter dans la brigade, en produits divers, au moins ce que je vais coûter.
Ce soir je suis content de voir qu’il est toujours possible de réaliser des photos sans devoir les acheter. J’espère juste ne pas avoir de mauvaise surprise en route…
Départ prévu pour après-demain soir.