J65 – Ensemble mais chacun chez soi

vendredi 28 mars 2008

Une journée de rêve dans la taïga. Un soleil éclatant déjà haut dans le ciel et une température divine, autour de zéro. C’est un pur bonheur pour moi de sortir le matin de la Tchoum (la tente des Nenets) par un temps pareil…

Deuxième journée tranquille dans la brigade n°17 d’Alexander Seratetto. Le matin, les femmes rangent la Tchoum : remettre les peaux de renne en place, passer un coup de balai pour chasser les milliers de poils qui volent un peu partout, remettre quelques branches de sapin sous les planches placées à l’entrée de la Tchoum… Elena, la belle-fille d’Alexander est en train de coudre un magnifique manteau de fête. Sa belle-mère en fait autant, en face d’elle, de l’autre côté de la Tchoum. Ne seraient-ce les petites voix de Dasha et Marina, leurs petites filles, il régnerait un silence presque parfait. Hier après-midi, alors que j’écrivais la légende de la photo de la chronique de samedi et que les enfants étaient à l’extérieur, je pouvais entendre le bruit de l’eau en train de bouillir dans la bouilloire carbonisée.

Les hommes, eux, sont dehors. Ils continuent de travailler à la fabrication de nouveaux traîneaux. Dans une vingtaine de jours, il ne sera plus temps de travailler : la grande transhumance vers le nord ne leur laissera plus guère de temps libre.

La brigade n°17 est une très grande brigade répartie en deux camps. Il y a celui où je me trouve avec trois Tchoums et un autre avec quatre autres Tchoums à une soixantaine de kilomètres plus au sud où se trouve le gros du troupeau. Près de sept mille bêtes. C’est énorme. Je ne pourrai malheureusement pas suivre leur départ. J’ai du mal à imaginer un tel troupeau avançant à travers la taïga puis la toundra.

Quelques mots sur la Tchoum. Je ne crois pas avoir jamais décrit son organisation. Cet espace unique et commun est divisé en deux parties bien distinctes séparées par le poêle disposé au centre. On ne va que dans son espace, jamais en face. Ça n’est pas chez vous. Un peu comme si votre appartement était divisé en deux studios, l’un pour vous, l’autre pour votre frère qui l’habite avec sa famille. Vous n’imagineriez pas, je crois, vous pointer chez eux comme si c’était chez vous. Seuls les enfants naviguent d’un côté à l’autre.

Tout autour de la Tchoum sont disposées des peaux de rennes posées sur des sortes de tatamis recouverts d’un tissu vert eux-mêmes disposés sur de la paille. Les bords de la Tchoum sont calfeutrés par de gros édredons qui servent de dossiers quand on s’allonge. Par terre, entre les peaux et le poêle, quatre planches presque toujours peintes en orange (couleur anti-rouille).

Derrière le poêle, du côté opposé à l’entrée, la réserve d’eau puis la réserve de bois puis une table où l’on range la nourriture. De chaque côté de cette table, la table à manger que la femme déplace à chaque fois que l’on mange.

En écrivant tout ça je viens de réaliser qu’il faudrait peut-être faire quelques photos… Je les fais sans bouger de ma place, comme un tour d’horizon. Sur la photo avec mon ordinateur on peut voir, tout au fond, Antonyna, la femme d’Alexander.

Hier soir, magnifiques aurores boréales au-dessus du camp.

 

Première utilisation de mes panneaux solaires. C’est hyper reposant de savoir que je peux utiliser mon ordinateur au rythme que je veux sans penser en permanence à mes batteries. Arnaud, un très très grand merci !

 

Marina (photo faite avec un compact, qualité assez pourrie).

Dasha (photo faite avec un compact).

Kraï de Krasnoïarsk, Russie, 648581

Moscou, Russie

Russie

Naryan-Mar, Nénétsie, Russie

Salekhard, Iamalie, Russie

Yar-Sale, Iamalie, Russie

Khatanga, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Russie, 647471

Norilsk, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Observatoire Photographique des Pôles

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