J70 – Bienheureux enfants

mercredi 2 avril 2008

Il y a beaucoup d’enfants dans la brigade d’Alexander, qui jouent dehors ce matin, profitant de ce soleil toujours magnifique. En Russie, les gamins ont la chance de n’être scolarisés qu’à partir de sept ans. Ils profitent merveilleusement de ces moments de bonheur.

Certains imitent les hommes en train de travailler à un nouveau traîneau, comme Elena ce matin qui imitait la façon dont son grand-père affûte une lame de couteau ou qui sciait des bouts de bois abandonnés autour des traîneaux. D’autres jouent avec une luge, se courent après. Ils vivent une vraie liberté et je ne peux m’empêcher de comparer leur enfance avec celle de nos enfants qui dès trois ans sont plantés sur les bancs de l’école. A quoi bon leur voler ces années de si petite jeunesse…

Les plus jeunes enfants, jusque vers cinq ou six ans, ne parlent généralement pas russe. Mais ce n’est pas le cas dans toutes les régions Nenets ; par exemple, dans la région de Nar Yan Mar, où je me trouvais en février, les enfants parlent rarement le nenets. Lorsque je racontais cela à Yura, le père de la petite Elena, sa réaction fut immédiate : « C’est pas bien, ça ! Il faut connaître sa langue ! »

Voyant ces enfants jouer dans la neige, dormir par terre sur des peaux de rennes, apercevoir sous le plancher de la Tchoum le lichen de la toundra dépasser, manger du poisson cru, voir leurs parents saigner un renne… je ne peux m’empêcher de penser que pour eux le lien avec la Terre est inné. Ils savent dès tout jeune que ne pas respecter les règles de la nature peut mener à un désastre pour la famille, pour le troupeau (ce qui revient au même).

Un lien que nous avons perdu : nos trottoirs sont bitumés, nos voitures sont équipées de GPS pour faire tous les jours les mêmes trajets, le rythme des saisons ne veut plus rien dire, les seuls moments où nous sentons la terre sous nos pieds nus, c’est pendant les quelques trop rares semaines de vacances… Nos enfants vont à la crèche toujours plus tôt, à l’école pour s’y faire noter leurs dessins alors qu’un bon nombre pensent que le poisson nage pané dans la mer !

Définitivement ? Pourquoi le croire ? Je crois plutôt qu’il n’est jamais trop tard. Pas besoin d’aller retourner les pavés pour retrouver le sable qu’ils cach(ai)ent. Je crois seulement qu’avec quelques efforts d’observation et de réflexion nous pouvons (encore) retisser ce lien qui, de toute façon, nous unit à la Terre.

Kraï de Krasnoïarsk, Russie, 648581

Moscou, Russie

Russie

Naryan-Mar, Nénétsie, Russie

Salekhard, Iamalie, Russie

Yar-Sale, Iamalie, Russie

Khatanga, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Russie, 647471

Norilsk, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Observatoire Photographique des Pôles

Observatoire Photographique des Pôles

Suivez-nous