J113 – La ville du vent

jeudi 15 mai 2008

Nous pensions le printemps arrivé. Il y a trois ou quatre jours, j’ai vu ma première pluie depuis mon départ. Mais en sortant cette nuit de chez Maxim’s, le bar favori de Sergeï, nous avons constaté que l’hiver s’accroche et n’a peut-être pas dit son dernier mot.

L’humeur était bonne. Le Zénit de Saint Petersbourg venait de mettre 2—0 aux Rangers de Glasgow. Un tout dernier but à trois secondes de la fin du match, dans les trois minutes additionnelles données par l’arbitre pour les arrêts de jeux. Souvenir d’une finale France-Italie… Dans le bar, les hourras éclatent au milieu de la nuit.

Dans la rue, neige et vent ! Des bourrasques fortes arrachent des toits des immeubles des gerbes de neige. C’est tout Norilsk ! Outre ses usines, la ville est célèbre pour son vent. En hiver, cela peut facilement se transformer en cauchemar et le spectacle qu’offre souvent la rue est celui de silhouettes luttant contre le vent et la neige.

Nous sommes en mai et ces coups de griffes de l’hiver sont comme des sursauts d’honneur. Je ne suis jamais loin, ne l’oubliez pas, semble dire l’hiver. Mais on le sent fatigué par une trop longue lutte. Car l’année dernière il n’a pas su s’empêcher de se manifester dès la mi-août par quelques premiers flocons. Il y a déjà dix mois de cela. En septembre, tout était joué, il s’installait définitivement, aidé dans son œuvre de froid et de vent par la nuit polaire qui a enveloppé la ville dans ses draps noirs dès la mi-novembre.

Des accès de colère, il y en a eu. Comme au mois de janvier où l’aéroport a dû être fermé pendant une vingtaine de jours. Pendant tout ce temps-là, la ville était définitivement coupée du monde. Impossible d’y entrer ou d’en sortir. Prendre son mal en patience. Ça fait bien longtemps qu’on a compris, à Norilsk, que la lutte est inégale : l’aéroport est fermé ? Bien, passons à autre chose !

Un sentiment que nous, nous, avons perdu de longue date. Pour faire renaître en nous le sentiment de l’existence concrète de notre environnement naturel, nous avons besoin de shoots sévères auxquels nous donnons le joli nom de « catastrophe naturelle ». Je me demande, tout d’un coup, si, selon nos standards européens, nous ne déclarerions pas Norilsk en état de catastrophe naturelle dix mois par an ?!

Pour moi, le temps s’écoule lentement. J’attends les différentes autorisations nécessaires pour pénétrer les usines et les mines du combinat de Norilsk. L’accueil a été extrêmement sympathique et mon programme sera établi demain.

Kraï de Krasnoïarsk, Russie, 648581

Moscou, Russie

Russie

Naryan-Mar, Nénétsie, Russie

Salekhard, Iamalie, Russie

Yar-Sale, Iamalie, Russie

Khatanga, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Russie, 647471

Norilsk, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Observatoire Photographique des Pôles

Observatoire Photographique des Pôles

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