Un tel travail vient en complément des nombreux travaux scientifiques menés actuellement à l’occasion de la IV° Année Polaire Internationale. La science seule ne pourra relever le défi du réchauffement climatique et de la préservation des cultures menacées. Le regard et le témoignage ont ici toute leur place.
Confrontés bien avant nous au réchauffement climatique, les peuples de l’Arctique sont nos sentinelles. Nous avons à apprendre de ces gens qui, vivant aux limites des terres habitables, connaissent mieux que nous la valeur des ressources que la Terre nous offre.
Au-delà du Cercle Polaire Arctique les conséquences du réchauffement climatique sont une réalité concrète et quotidienne : la fonte du permafrost met en péril des villes entières, les caprices du climat perturbent les activités économiques. On ne vit plus dans l’Arctique aujourd’hui comme il y a seulement dix ans. Les repères ont disparu, les risques augmentent chaque jour.
Cette expérience de vie est un témoignage universel qui, je l’espère, pourra nous aider à (re)prendre conscience que notre vie est intimement liée à la Terre.
Ainsi, au-delà du travail de mémoire, mon objectif est aussi de jeter, grâce à mes images, un pont entre mes concitoyens et les peuples de l’Arctique et d’être, en quelque sorte, le messager des « Sentinelles de l’Arctique ». Car je crois que c’est ensemble, solidaires et unis sur une si petite planète, que nous tous, peuples de la terre relèverons l’immense défi qui nous est lancé.
De janvier 2008 à septembre 2008, bien au-delà du Cercle Polaire Arctique, je vais réaliser une série de portraits de « personnages symboles » en partageant la vie des populations les plus septentrionales afin d’illustrer les mutations rapides en cours dans l’Arctique.
D’Ouest en Est, des territoires Nenets jusqu’au détroit de Béring je vais partir à la rencontre des populations Nenets, Dolganes et Tchouktches. Les populations russes citadines, désormais majoritaires seront aussi pleinement prises en compte. Car je n’ai d’autre ambition que de saisir l’Arctique dans sa réalité actuelle, sans complaisance ni folklore.