Trois petits mois, pourtant, ce n’est pas bien long ! Et il entend bien les discussions qui à travers la ville vont bon train : la débâcle arrive.
On la dit à Dudynka dans trois jours. Il y a tellement peu de glace cette année qu’elle avance très vite. Et il voit bien, aussi, les mouettes qui, depuis quelques jours, sont arrivées dans le ciel de Norilsk.
—3, —6… du vent… les cours des immeubles encore chargées de neige malgré les efforts des bulldozers, les allées venues des camions qui vont jeter ces tonnes de neige à la sortie de la ville.
Et hier encore l’aéroport de Norilsk a dû fermer à cause du vent. Partout ailleurs c’est le printemps, à la télé la météo annonce des +25 dans le sud, avec Tanya on se demande quelle température il peut bien faire en France… Elle se reprend : il vaut mieux ne pas savoir, c’est plus facile comme ça. Cette carte chargée de soleil me donne l’impression d’être quelque part ailleurs que sur terre. Vivre à Norilsk ce n’est plus vraiment être dans le monde. En tout cas c’est vivre dans un autre monde.