J15 – Étoiles, balok et troupeau de rennes

jeudi 7 février 2008

Pas de lumière avant 7 heures. Les nuits sont longues, très longues. Nuit dont je vous reparlerai tellement elles sont belles. Pas une seule lumière à plus de 50 ou 60 kilomètres à la ronde. Le ciel est parfaitement pur. Les étoiles dans ces conditions sont tellement visibles que j’ai l’impression de pouvoir les toucher en tendant la main.

Ce matin la brigade bouge pour un « balok », une petite cabane en limite de forêt. Cela fait un mois qu’ils sont dans ce camp et veulent se faire un bagna, un sauna en Russe. Nous passons en route jeter un œil sur un troupeau de rennes. Prêt de trois mille bêtes qui se mettent en mouvement lorsque nous arrivons. C’est le bruit qui m’impressionne le plus. Une sorte d’immense brouhaha créé par les milliers de sabots qui effleurent la neige. Sergeï et Sasha contrôlent le troupeau avec de petits cris aigus et les rennes tournent en rond. Il y a comme une petite brume ce matin, la lumière est magnifique. Les rennes se mêlent à cette lumière et au nuage de neige qu’ils soulèvent.

Le balok est assez grand. Vladic me fait la confidence qu’il appartient à une connaissance de Sergeï qui travaille à Nar Yan Mar dans le gaz. Aussitôt arrivés, il faut mettre les poêles en route. Il fait rapidement une température agréable.

Je sors avec Sasha et Vassily pour aller couper du bois. Tout le truc consiste à savoir trouver les bons arbres. Comme ils utilisent le bois tout de suite ils doivent trouver des arbres morts et bien secs. Nous tournons doucement entre les arbres, comme une sorte de valse, avec le bourane pour les trouver.

Cette journée est aussi une journée de repos pour eux. Ils ont beaucoup travaillé ces dernières semaines. La soirée est plus que calme. A sept heures, la moitié du groupe dort déjà ! Moi je vais au bagna avec Vladic. Une bonne centaine de degrés, la vapeur, les feuilles de laurier pour se frapper la peau et le choc de la sortie dehors. Pied nus, à poil, dans la neige. Il ne fait pas trop froid ce soir : – 16°C. Personnellement j’adore.

Vous êtes peut-être un peu surpris par le rythme de vie de cette brigade. Les Nenets ont en fait été le peuple du Nord le plus russifié. Ils sont le peuple du Nord qui a le plus perdu ses traditions (ils travaillent d’ailleurs à les faire renaître). Une brigade comme celle où je me trouve travaille un peu comme un berger le ferait en France : entre une vie dans la montagne et une vie au village. Leurs familles par exemple vivent dans des villages non loin de Nar Yan Mar. Ils vivent dans la toundra pour leur travail, pour s’occuper des rennes et aiment profiter de tout le confort que la vie moderne peut leur apporter.

Quelques mots de Vassily. Rien n’a été dit mais je suis sûr que c’est un « Pagranichnik », un garde-frontière. Natalya m’avait prévenu que quelqu’un devrait m’accompagner si j’allais dans le Nord. Le matin de mon départ, personne. Mais comme par hasard Vassily arrivait le soir même à la brigade. Il ne cache d’ailleurs pas ses galons. Ça ne l’empêche pas d’être aussi sympa que les autres. Il préfère d’ailleurs sûrement être ici qu’à Nar Yan Mar. Ce sont de vieux réflexes de l’époque soviétique où les militaires contrôlaient le Nord.

Je voulais transmettre des photos mais le groupe électrogène ne fonctionne pas. Je comptais sur lui et je n’ai donc pas pris ma grosse batterie et je suis trop court avec celles que j’ai ici. J’espère pouvoir vous en envoyer ce soir ou demain.

Kraï de Krasnoïarsk, Russie, 648581

Moscou, Russie

Russie

Naryan-Mar, Nénétsie, Russie

Salekhard, Iamalie, Russie

Yar-Sale, Iamalie, Russie

Khatanga, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Russie, 647471

Norilsk, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Observatoire Photographique des Pôles

Observatoire Photographique des Pôles

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