J30 – Un vendredi soir sous la Tchoum

vendredi 22 février 2008

Ce soir je me fais grande violence pour vous écrire… Après un coup de stress pour l’envoi de la photo pour la chronique de samedi dans l’édition papier de Libération j’ai subitement pris le rythme du soir sous la Tchoum : thé, sieste, discussions, manger quelque chose et encore sieste. Avant l’extinction des feux vers minuit. C’est vrai aussi qu’il n’est pas évident d’écrire sous une Tchoum, de s’isoler, même mentalement, sur son clavier.

Donc, il n’y a pas cinq minutes, avant que je ne sorte le Mac de sous la table où il était en train de se recharger, j’étais confortablement allongé sur des peaux de rennes. C’est épais et chaud. Les hommes en grande discussion, à propos d’un village de la côte, assuraient le fond sonore pendant que Sasha, le fils de quatre ans d’Elia (qui m’a amené ici dans sa brigade) jouait avec les chiots. Jouait… Enfin, il a aussi une petite tendance à les martyriser !

Eh oui, des chiots sous la Tchoum. Il n’ont que un mois et demi et ils resteront au chaud jusqu’à l’âge de trois mois. Avec leur mère. Ils ont leur coin à eux, à l’entrée de la tente. Tout noir, ils sont adorables sauf le matin quand ils veulent entrer dans mon duvet ! J’en vois d’ici qui de loin vont trouver ça mignon. Oui le premier jour, les deux premières tentatives. Après c’est pénible et je dois vous avouer que je les renvoie maintenant dans leurs vingt-deux mètres vite fait !

Grosse activité ce matin dans la brigade. Les deux derniers jours ont été très alcoolisés pour les vieux de la brigade. Ce matin ça sentait un peu comme la fin de la mi-temps. Rangement de la Tchoum et des traîneaux où sont entreposés les réserves, la lessive… Pendant que les jeunes partaient en traîneaux dans une autre brigade.

C’est la pleine lune. Le ciel est magnifique et il fait bon sortir prendre l’air quand il fait trop chaud sous la Tchoum. Ça peut-être totalement insupportable quand le poêle s’emballe. Nous sommes installés un peu comme dans une baie dont les rives seraient la lisière de la forêt. Les arbres comme les Tchoums se découpent, noirs, dans le ciel éclairé par la pleine lune. Ce soir il fait froid, je pense dans les vingt ou vingt-cinq. La radio annonçait vingt-sept ce matin (mettez bien entendu un moins devant ces températures) ; la neige crisse sous nos pas. C’est juste magnifique, calme. Ça envahit. On est bien.

Hier, journée au troupeau. Relativement petit, environ cinq cents têtes. Installé à vingt minutes de traîneau de la brigade. Nous, enfin, ils, y sont allés pour attraper deux rennes. Au lasso. Activité difficile. Le troupeau se met en branle dès qu’ils s’avancent vers lui. Il faut à la fois canaliser le troupeau (les filles le faisaient hier) et ceux qui ont les lassos courent parallèlement aux rennes qui se sont mis à courir pour tenter de les attraper. Il leur a fallu plus d’une demi-heure pour en attraper deux.

L’un des deux a été tué et vidé sur place. L’autre installé sur un traîneau et tué au campement. Ces deux bêtes fourniront de la viande. Un renne peut nourrir une famille de sept personnes pendant une semaine environ.

Cet après-midi, Elia et Sasha, son fils, ont été couper du bois pour faire de nouveaux traineaux. Elia a commencé à travailler dessus dès son retour. Je vous en dirai plus quand leur fabrication aura bien avancé.

Voilà pour aujourd’hui. Quelques impressions générales. Je rentrerai plus dans le détails des choses (comment ils préparent la viande, comment ils fabriquent un traîneau…) un peu plus tard dans d’autres des billets.

Kraï de Krasnoïarsk, Russie, 648581

Moscou, Russie

Russie

Naryan-Mar, Nénétsie, Russie

Salekhard, Iamalie, Russie

Yar-Sale, Iamalie, Russie

Khatanga, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Russie, 647471

Norilsk, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Observatoire Photographique des Pôles

Observatoire Photographique des Pôles

Suivez-nous