Priviet Nikola ! Pasha svanil ! Salut Nicolas ! Pasha a appelé. C’est bon, nous avons le permis pour Salekhard. Et ce n’est pas une blague. J’avais beau me convaincre que j’ai toujours eu les permis dont j’avais besoin, je n’en restais pas moins un peu fébrile. On ne sait jamais ce qui peut arriver, tout cela tient toujours à un fil, une personne, un changement de règlement.
Pasha, que je vois dans l’après-midi, m’explique qu’il ne comprend pas pourquoi ça a été si long. Trois fois il a fallu renvoyer les mêmes informations. Il y a deux jours, encore, un bureau du FSB réclamait des numéros de téléphone et des adresses. Les numéros de Pasha, les miens, mon adresse en France. Pasha, qui hausse les épaules, me montre avec ses mains l’épaisseur du dossier qu’ils ont dû constituer avec toutes les infos qu’il a envoyées. Il y a bien cinq centimètres entre les paumes de ses deux mains.
Hier soir, en me promenant dans Moscou, à deux pas du Kremlin, je suis passé devant le FSB. Immense building austère. Qui peut bien savoir, dans les milliers de salles que doit compter ce bâtiment, qui peut bien savoir, parmi les milliers de fonctionnaires qui y travaillent, quelle logique ces permis défendent encore ?
Bref, peu importe. Personne n’a la réponse à ces questions. Comme dit toujours Sergeï : Don’t ask me why?
Toujours est-il que nous allons enfin pouvoir commencer à travailler concrètement : billet d’avion ou de train, confirmer aux contacts sur place que nous allons bien arriver. Oui, oui, vous avez bien lu ! Salekhard est la seule ville du Nord qui soit raccordée au réseau ferré. Quand je demande à Pasha (qui va m’accompagner cette fois à la place de Sergeï) si ça ne le dérange pas d’y aller en train, il me regarde étonné et me lance : « Pourquoi ça me dérangerait ? On va dormir et boire ! » Svio normal ! Tout va bien ! Il faut deux jours de train. C’est une expérience que je n’ai jamais vécue et qui me tente énormément.
Ne me reste plus qu’à attendre l’arrivée de quelques équipements de Paris. Qui seront à Moscou mercredi prochain. D’ici là, Moscou. Et son métro délirant où chaque nouvelle rame déverse une marée humaine qui se répand sur les quais, coule dans les couloirs, dégringole les immenses escaliers mécaniques.