En ce qui concerne la partie argentique de mon travail, les choses sont relativement simples et classiques. La seule chose à laquelle je fais attention est de bien référencer les films afin de m’y retrouver en septembre prochain quand viendra le moment de l’editing (le choix des photos). Ainsi j’étiquette chaque film et je note dans un cahier les lieux, situations, noms des personnes photographiées.
Le développement des films est réalisé en France par un ami excellent photographe (il expose d’ailleurs en ce moment à la galerie « Faits et Causes » à Paris). Lorsque c’est nécessaire, j’ajoute sur la cartouche même du film des informations concernant un éventuel traitement spécifique ; il s’agit le plus souvent d’indiquer à Milomir si le film a été « poussé », c’est-à-dire utilisé à une vitesse supérieure. J’utilise exclusivement de la Kodak Tri-X, (un film Kodak mythique qui, si j’ai bonne mémoire, date de 1954 !) pour sa souplesse incroyable et le rendu magnifique de son grain unique.
Pour mémoire et pour ceux que le matériel photo intéresse, j’utilise un Leica M6 avec un Sumicron de 35 mm. Complété par un Sumicron de 50 et un 21 mm.
La photo numérique est un peu plus compliquée… Il faut distinguer trois étapes : la prise du vue, le post-traitement et l’archivage. Que les experts et/ou les passionnés de technique me pardonnent : je ne vais pas entrer dans le détail mais plutôt proposer un rapide panorama général.
1. A la prise de vue
Les photos sont enregistrées en deux formats :
- En jpeg, qui est un format de fichier bien connu, totalement universel. Ces fichiers sont immédiatement exploitables et je les utilise pour alimenter le blog ou pour les envoyer au service photo de Libération. Les réglages de mon boîtier (pour mémoire un Nikon D300) me donnent fichiers/photos de 4288 x 2848 pixels avec une résolution de 300 dpi.
- En raw, c’est-à-dire en format brut. Un fichier raw est une image brute sortant directement du capteur numérique de l’appareil. Aucun traitement n’est appliqué par l’appareil sur un fichier raw. Ces fichiers sont considérés comme des négatifs qu’il faut ensuite développer à l’aide de logiciels spécifiques sans lesquels il n’est pas possible de les ouvrir. La résolution d’un fichier raw est la même que celle d’un fichier jpeg. Et pour cause : la résolution provient exclusivement du capteur de l’appareil. Par contre, le fichier n’étant pas du tout compressé, le poids (sa taille sur l’ordinateur) de chaque photo est beaucoup plus important : environ 12 Mo (Mega octets) en raw contre environ 3 Mo en jpeg.
Avantages de chaque format :
- jpeg : Exploitable immédiatement sur n’importe quel ordinateur ; poids plus faible des images ; qualité convenable pour la plupart des utilisations.
- raw : Qualité des fichiers ; possibilités de post-traitements très importantes à tous les niveaux : colorimétrie, exposition, contraste… ; aucune dégradation de l’image car aucune compression appliquée ; possibilités de ré-échantillonnage (c’est-à-dire d’augmenter la taille de l’image par un traitement informatique) importantes.
Inconvénients de chaque format :
- jpeg : possibilités de post-traitement beaucoup plus limitées ; dégradations de l’image dues à la compression appliquée à l’enregistrement ; possibilités de ré-échantillonnage (c’est-à-dire d’augmenter la taille de l’image par un traitement informatique) beaucoup plus faibles.
- raw : poids important des images ; nécessite l’utilisation de logiciels spécifiques pour être ouvert ; exploitation immédiate impossible ; durée du post-traitement.
2. Post-traitement informatique
Je ne vais pas entrer maintenant dans le détail du traitement des fichiers raw mais rester concret sur la manière dont je travaille en ce moment pour que les photos vous arrivent soit à travers le blog soit dans le Libé du samedi matin.
Le traitement commence par la sauvegarde des images sur l’ordinateur. Pour chaque carte, je constitue un dossier à la date du jour dans lequel j’enregistre, dans deux sous-dossiers, les fichiers jpeg d’un côté et les fichiers raw de l’autre.
La taille des photos destinées au web est considérablement réduite puisque je passe à une taille de fichier de 600 pixels de large (ou de haut) avec une résolution de 72 dpi. Les photos destinées à l’édition papier de Libération sont évidemment plus grandes : environ 1850 pixels de large avec une résolution de 240 dpi.
Enfin, dernière étape avant de transmettre les photos par satellite, j’applique une importante compression qui me permet de réduire le « poids » des images de 700 Ko (Kilos octets) à environ 20 ou 30 Ko pour les images Web et de 6,5 Mo à 250 Ko environ pour les images destinées au journal.
3. Transmission des photos
L’objectif de tout ce travail est bien évidemment de vous permettre de suivre aussi en images mon parcours. Il faut donc bien transmettre ces photos de n’importe quel endroit. C’est pour cela que j’utilise un téléphone satellite.
Je réalise les transmissions à l’aide d’un logiciel dit de transmission FTP (File Transfert Protocol). Un tel logiciel permet de déposer les photos sur un serveur à Paris. L’avantage de ce système sur l’envoi par mail est immense : en cas de rupture de la transmission, l’envoi des fichiers reprend là où il s’était interrompu. Inutile donc de reprendre à zéro comme c’est le cas avec un mail. Ça évite les crises de nerfs et aux factures téléphoniques d’exploser.
Une fois les photos sur le serveur, Marie-Dominique (de la rédaction de Libération.fr) vient « se servir » et publie les images. Vous pouvez enfin voir les photos s’afficher sur votre écran.
4. Stockage et archivage
Partie délicate s’il en est. Un disque qui « crashe », une mauvaise manip… et des milliers de photos peuvent s’évaporer en quelques secondes. La situation est nouvelle : ce n’était pas le cas avec l’argentique. Il était tout simplement impossible de perdre des milliers de photos en quelques secondes, voire en une seule seconde.
Voilà comment je procède : a) copie des cartes mémoires sur l’ordinateur ; b) sauvegarde sur un disque-dur externe dans la foulée (à moins que ce ne soit impossible du fait de l’endroit où je me trouve ou parce que mes batteries sont à plat) ; c) copie des fichiers sur un CD-ROM dès que possible.
Je reviendrai dans un autre post sur les erreurs à ne pas commettre, même dans le cadre d’une pratique familiale de la photo. Je vois trop de situations où les photos de famille sont pour ainsi dire dans une situation limite et ne traverseront pas les années comme les photos de nos aïeux ont pu le faire.
Ouf… Voilà, j’ai été long, j’en suis désolé. Mais assez complet aussi, je crois. Bonnes photos à tous.