Enfin. Oui, car je n’en pouvais plus d’être à Moscou. Mais tout arrive et le colis que j’attendais de Paris aussi, grâce à Jean-François qui a eu la grande gentillesse de me l’apporter à Moscou.
Il y avait un air de matin de Noël hier soir chez Sergeï. Tant de petits paquets : un nouveau téléphone satellite prêté par le CNES, des panneaux solaires, des batteries, des câbles, des raccords, quelques bouquins, des photos des enfants et d’autres bricoles. J’ai fini à plus de deux heures du matin. Crevé.
Longue virée en voiture ce matin pour récupérer Pasha. C’est lui qui va m’accompagner cette fois. J’en suis bien content ; cela fait des années que je n’ai pas voyagé dans le Nord avec lui. A Sheremetievo, l’un des je ne sais plus combien d’aéroports de Moscou, c’est toujours la même question : combien de kilos d’excédent de bagages ? Je pèse tout. Ça me fera entre vingt et trente kilos. Ça va faire mal !
Mais bonne surprise. Pas sur le nombre de kilos, je ne m’étais pas trompé. Mais sur les tarifs. En même temps que le type responsable de l’enregistrement nous rend passeports et ticket d’excédents pour aller payer, il nous prend discrètement par le bras : « Vous avez besoin d’une facture ? » Le message est clair… Niet, niet, nie nada ! Non non, pas besoin ! Je glisse 1 500 roubles dans mon passeport qu’il me rend deux minutes plus tard avec billets et cartes d’embarquement. Le tarif avec facture ? 19 000 roubles !
Je le remercie. Lui demande son nom. Il s’en étonne. Je lui explique que je vais revenir tous les mois. Grand sourire, je m’appelle Sergeï…
Ce n’est pas la fin des surprises. Dans l’avion, pas de rangée numéro treize : on passe de la douze à la quatorze !
Alors que l’avion entame sa descente la même émotion au moment où la toundra se laisse découvrir à travers quelques lambeaux de nuages. Le sentiment de pénétrer un autre univers, une autre immensité. Le commandant annonce —24. Le Nord, enfin !
Une fois de plus, Pasha a bien fait les choses. Une représentante de l’administration nous attend et nous dépose dans un hôtel dans un magnifique 4×4. Il y a de l’argent dans la région, nous n’avons pas fini de le voir.
Avec Pasha, nous ne perdons pas de temps. Sortir la liste des contacts donnés par Sergeï, par Alexeï du WWF, etc. : un numéro qui ne répond pas mais nous ne sommes même pas sûrs que le numéro soit encore bon ; un contact qu’on ne peut appeler, il est trop tard ; et enfin Slava, un prof. Un prof de ski que Sergeï avait rencontré l’année dernière dans le train en allant à Salekhard pour y amener un groupe de touristes espagnols.
Et là, c’est la magie du Nord et de la Russie. Slava nous rejoint dans notre chambre une demi-heure plus tard. Super contact instantanément, nous passons en revue toutes les questions, et nous partons faire un tour en ville. Il tient absolument à nous faire faire une petite visite.
Parmi les problèmes à résoudre il y avait celui de l’hôtel, trop cher à mon goût ou à celui de mon banquier. Deux heures plus tard, après être passé prendre Inna à son bureau (magnifique manteau de fourrure blanche et talons aiguilles), Slava nous trouve un hôtel à 400 roubles au lieu de 2 000. Je ne sais pas si ma banquière me lit. Si oui, je la sens moins inquiète soudainement…