J77 – Sous la glace, les tombes

mercredi 9 avril 2008

Je suis de retour à Moscou. Grand soleil. Il fait doux et je me promène dans la rue en T-shirt. En pensant que dans deux jours je serai à Khatanga, par 72° Nord (l’une des villes les plus au nord de la planète), qu’il y faisait – 35° il y a deux ou trois jours et – 22 ce matin !

Rien de très passionnant à Moscou à part, pour ceux que la photo intéresse, la biennale de la photographie 2008. De très bonnes expos un peu partout à travers la ville. Où je découvre avec un vrai bonheur le travail de Valery Nistratov, Gueorgui Pinkhassov ou Bogdan Konopkha et revois avec bonheur une très large série de photos de Giacomelli.

Et aussi, enfin, cette très bonne expo de l’agence Sipa sur mai 68. Certains en France veulent en finir avec l’héritage de 68 ? Bien, parfait. N’empêche ! A voir l’affluence à cette expo, le temps que passent les visiteurs à lire les légendes des photos, à regarder le long film projeté, à entendre les commentaires… il me semble que mai 68, avec cette capacité des Français à faire tout un peu différemment, fascine ici. Mais je m’écarte du sujet…

Je n’avais pas eu le temps de passer une série de photos que j’avais réalisée le jour de mon arrivée à Yar Salé. Au détour d’une balade dans le village, j’étais tombé sur le cimetière.

Les cimetières racontent beaucoup de choses, ils sont un point de passage incontournable. D’autant plus ce jour que je voyais, de loin, s’en échapper une épaisse fumée.

Marchant à travers les tombes recouvertes de neige, j’allais à la rencontre de deux hommes en train de faire brûler de grosses pièces de bois par terre. Ils étaient en train de faire fondre le permafrost pour creuser une tombe pour un enterrement qui devait avoir lieu le lendemain. Premier contact un peu froid. Ils ne veulent pas que je fasse de photos. Je reste, on discute. Ils me demandent pour quel journal je travaille. Je suis français, c’est un bon point. Je connais l’Arctique, ce n’est pas mon premier voyage, deuxième bon point. Quelques références communes… la glace fond comme le permafrost sous l’effet du large feu qu’ils ont lancé.

Je commence quelques photos, l’un des deux trouve que j’exagère mais ne dit rien. Son collègue, lui, me propose une grande rasade de vin ! Je resterai finalement trois ou quatre heures. D’autres verres, d’autres collègues… Un bel après-midi !

Et la découverte d’un effet inattendu pour moi du réchauffement climatique, comme il me le font remarquer : il est plus facile d’enterrer les morts quand les hivers sont doux parce que le sol a gelé sur une profondeur moins importante !

Le mort lui est un homme d’un peu plus de quarante ans, mort gelé ivre aux abords de Yar Salé. Il était musulman, ce qui entraîna une longue discussion quant à l’exacte direction de la tombe par rapport à la Mecque.

Kraï de Krasnoïarsk, Russie, 648581

Moscou, Russie

Russie

Naryan-Mar, Nénétsie, Russie

Salekhard, Iamalie, Russie

Yar-Sale, Iamalie, Russie

Khatanga, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Russie, 647471

Norilsk, Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Observatoire Photographique des Pôles

Observatoire Photographique des Pôles

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